Je zappe et je vois qui ?
Dans une émission douteuse où je m’égare
Je croise par hasard le regard
D’un monsieur, d’un grand monsieur
Si jeune… de quatre-vingt-seize ans
Au milieu de ces artifices
De ces lumières artificielles factices
Il semble tellement décalé dépareillé
Et pourtant si bien ancré
Grand absent si présent
Né en 1921
Au surlendemain de la grande braderie-boucherie de 14
Résistant de la première heure
A la barbarie nazie
Il a parcouru le 20° siècle
Avec élégance avec courage
De ses pas de géant
Et le voilà frais comme un gardon
Comme un garçon presque centenaire
Dans ce 21° siècle tourmenté.
De quoi parle-t- il dans ce dérisoire brouhaha ?
De l’homme voyageur , de ce migrateur
De l’homme dévastateur
De l’homme constructeur
Du quotidien qui chante
Du présent qui pleure
De poésie, d’écologie et de vie courante
Ses yeux pétillent d’allégresse
Ses mains battent des ailes
Ce grand monsieur qui m’enchante
C’est Edgar
Edgar Morin.
Que n’écoute-t-on pas ces êtres-là
Sur les écrans
Plats
Dans les urnes dans la rue
Plutôt que les comptables.
(Pardon à mon ami gérant si bien ma petite association
Qui veut redonner des ailes aux migrateurs fatigués,
Je ne parle pas de ces comptables-là,
Ils en sont la cheville ouvrière..)
Mais les autres qui se disent si grands
Nos grands argentiers…