Je ne veux pas changer de planète
Lapins, lièvres, chevreuils, perdrix
Gibier potentiel dans l’œil froid du fusil
Faisans tantôt faisandés
Sans tambour ni trompette
Envahissent mon jardin
Ni mur ni frontières
Y goûtent les graminées, le trèfle et la vesce
Les choux et la roquette c’est l’aubaine
Entre les bois alentour et ma prairie fleurie
C’est le désert
De colza de maïs de blé
Bientôt dans les poches
Des agro spéculateurs
Les lièvres bottés et les chevrettes
Sautent très haut par-dessus les céréssales
On dirait qu’ils craignent l’intoxication
Les coquelicots au bord des champs
Lèvent encore parfois leur tête rouge
Et triste
Depuis longtemps l’herbe des talus
S’est couchée sous l’assaut répété
Des monstres à poison
Cette année je n’ai pas vu de chauve-souris
Ni de hérisson
Certains me disent que je dois changer de lunettes
Je ne crois pas
Les hirondelles et les abeilles
Se font rares
Et toutes les petites bêtes sans voix
Anonymes Ah bon dieu
Qui ne font pas parler d’elles
Quand arrêtera-t-on la main de fer
Et assassine
De Bayer Du pont Monsanto et consorts ?
Dans le silence de mort qui adviendra
Nos larmes auront un goût
De cendres.
Des climato-sceptiques me disent
Que je suis un doux rêveur
Et que demain la science
Nous emmènera dans une autre planète
Seulement si on est solvable
Pour vivre éternellement
Moi comme Pablo le poète
Je ne veux pas changer de planète
Et je veux mourir le temps venu
Avant de perdre la tête.