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Empreintes du jour
15 avril 2015

Ouvrier

A mon père

 

Fier jardinier

Essaimer et laisser fleurir la beauté

Oh la belle fin de carrière

Après avoir trimé sa vie durant

Dans les cartons dans les vieux papiers

Avec ses camarades

Il déchiquetait les livres

De Malraux la condition humaine

De Zola la terre l’assommoir la bête

Humaine encore

Pour en faire des emballages

Mais en détournait la nuit

Pour voir briller nos yeux

Dans les verres à pied à vin à bière

Les conserves et même jeune apprenti

Dormant sur le port

Dans l’odeur de la viande fraîche

Les trois huit les deux douze

La vie saucissonnée

La donner à un patron

Comme disait Prévert

Quand le soleil dehors invitait

A la gourmandise à la débauche

Sept jours sur sept

Pendant les belles saisons

Ouvrier sans spécialité manœuvre

Longtemps en mobylette grise bleue

Grise comme l’aube

Après la nuit de labeur

Après la pointeuse

 

Et puis ouvrier de Dieu

Qui l’écoutait lui parlait

Dans le creux de l’oreille

Et que je n’ai jamais entendu

Jamais peut-on dire sans coup férir

Jamais l’erreur est humaine

Et la foi aussi

Puis-je imaginer que son âme

L’essence de son être est là-bas

Loin des paradis fiscaux et artificiels

Là-haut plus près du ciel

Que de la terre

Qu’il chérissait tant

J’ai repris ce flambeau-là

 Et qu’elle  repose

Sans contrariété aucune

Apaisée

 

papa

 

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